Élections législatives égyptiennes : la péripétie islamiste se poursuit
Plus le temps passe et plus la victoire des islamistes modérés aux élections législatives égyptiennes de 2011 semble se confirmer : les Frères musulmans et le Parti de Liberté et Justice séduisent, tandis que de l’autre coté des urnes succombe le mouvement laïque et libéral égyptien, fortement marqué par les profonds déséquilibres économiques et sociaux de ces derniers mois en Égypte. Autre surprise : le succès inattendu du mouvement islamiste radical salafiste égyptien. Épilogue d’un événement populaire et citoyen pour le moins inhabituel.
Le taux de participation est historique : annoncé à plus de 62% par le président de la Haute commission électorale Abdel Moez Ibrahim, celui-ci constitue le taux de participation le plus élevé jamais connu en Égypte. Il faut dire que l’exception est de circonstance : la période de démocratisation de l’ère après-Moubarak a profondément marqué les esprits et les revendications sociales, tout comme le déclin relatif de l’économie égyptienne au cours de ces derniers mois ont durablement empreint le paysage politique et économique égyptien : après s’être déroulés dans le domaine politique les affrontements surviennent désormais sur le terrain social. Et le bon score effectué par le PLJ (Parti de Liberté et Justice) dirigé par l’organisation panislamiste des Frères musulmans est là pour en témoigner, tout comme le déclin assuré du mouvement laïque et libéral égyptien : après avoir fortement soutenu les mouvements contestataires de ce début d’année, soldés le 11 février 2011 par le départ très attendu du président égyptien Hosni Moubarak, la population égyptienne aspire désormais à la stabilité économique plutôt qu’à la reprise de la contestation politique, préférant pour cette raison le bulletin conservateur et islamiste à la réponse progressiste.
Et cet islamisme-là n’est pas que modéré : bien que les élections législatives égyptiennes de 2011 ne soient pas encore terminées, la forte percée du mouvement radical salafiste, en particulier représenté par le parti de l’Al-Nour fondé comme le Parti de Liberté et de Justice à la suite de la révolution populaire de janvier 2011, est d’ores et déjà entendue :
Tandis que le Parti de Liberté et Justice devrait à l’issue de ces élections législatives récupérer un peu plus de 40% des voix en Égypte, le parti islamiste radical salafiste pourrait bien quant à lui finir avec un score supérieur à 20%.
En pleine crise identitaire, en particulier suite aux trois jours de violents affrontements entre l’armée et l’opposition égyptienne de la fin du mois de novembre, mise à mal par des déséquilibres économiques et sociaux toujours plus préoccupants dans le pays, l’Égypte doute : si le mouvement islamiste modéré des Frères musulmans ne représente guère de danger pour l’Égypte comme pour ses principaux partenaires, cela n’est pas aussi évident concernant le parti islamiste radical salafiste : favorable à l’instauration d’un régime islamiste rigoriste en Égypte, le mouvement fondamentaliste salafiste fait peur, en particulier dans les milieux coptes et laïques qui se sont dits fortement inquiétés par cette soudaine montée de l’islamisme radical dans le pays. L’avenir nous dira s’ils avaient raison.